Retraite de Romain Bardet : Ciao l'artiste
Lorsque le Critérium du Dauphiné s'achève, ce n'est normalement pas un grand moment d'émotion. Et ce n'est pas le classement presque routinier de cette édition qui va nous contredire. Seulement cette fois, il y a une chose différente, chaque fan français et quelque part chaque fan de vélo tourne la page de la carrière de Romain Bardet. En disant au revoir à l'homme aux onze victoires pro dont, excusez du peu, 4 étapes sur le Tour, il est obligatoire de rendre hommage à cette carrière à part.
Arrivé chez AG2R- La Mondiale depuis le vélo club de Chambéry, Romain Bardet se démarque très vite comme un coureur prometteur et devient un maillon fort de cette génération 90's Pinot / Démare... Après un premier jet très concluant sur le Tour 2013 qu'il achève à une 15ème place, le voilà propulsé co-leader de l'équipe française où il va vouer toute la première partie de sa carrière au Tour. Dans cette quête, le natif de Brioude (qu'il aura brillamment placé sur la carte de France) fait preuve d'une belle stabilité : 5 tops 10 consécutifs dont 3 étapes jusqu'en 2018. Son seul raté, en 2019, en dit long sur sa carrière puisque même dépassé, il se bat et ramène un maillot à poids dont lui seul, peut-être, ne se rappelle mais qui compte beaucoup dans une carrière. Les galères s'enchainent ensuite sur la grande boucle, en 2020, alors qu'il joue de nouveau le top 5, il est contraint à l'abandon après une mauvaise chute.
Un niveau stagnant, combiné à ces 2 échecs consécutifs l'entrainent à faire le grand saut, partir à l'étranger vers l'équipe DSM. Nous pouvons aujourd'hui savoir que ce transfert ne lui aura pas fait faire les progrès tant espérés mais cela lui aura quand même permis de s'ouvrir au monde, au Giro et à la Vuelta. Ce changement de calendrier, beaucoup l'espéraient, notamment ses fans qui voulaient le voir s'y épanouir à la manière de Thibaut Pinot. En tout cas, le changement est direct, en 2021 il découvre le Giro où il est trop juste et ne peut que constater la domination d'Egan Bernal et termine 7ème. Il enchaine ensuite avec la Vuelta, où, en marge du général, il y obtient une victoire d'étape. En 2022, il revient sur le Giro avec ambition mais après une première belle étape de montagne où il est l'un des plus forts, il doit abandonner. Cela restera surement l'un des plus grands regrets de sa carrière. Cette année là, il retrouve la grande boucle, il y retrouve le top 10 (6ème) mais tout le monde se rappellera de cette image où il est assis face au vide après l'étape du Granon qu'il termine 3ème (2ème après déclassement de Quintana). Son dernier feu d'artifice, arrivera 2 ans plus tard, de nouveau sur la Grande boucle. Après avoir couru après la victoire sur le Giro 2 mois plus tôt, il s'impose en Italie à Rimini mais bien sur le Tour de France. Une victoire sur la première étape synonyme de maillot jaune, celui après lequel il a couru toute sa carrière qui lui tombe dessus comme par hasard. Son dernier Grand Tour, le Giro 2025 est une nouvelle beauté de combativité, à l'avant des qu'il le peut, l'Auvergnat est trop juste quand l'échappée va au bout et trop fort quand celle ci est reprise par les cadors, une dernière frustration. Ses derniers tours de roues sont donnés sur ses routes, au Dauphiné, il y aura attaqué pratiquement tous les jours, sur tous les terrains, mais est toujours repris par les cadors d'un cyclisme dans lequel il ne se reconnait plus et ne pèse plus assez à son goût.
Alors, que devons nous garder de lui ? Ce coureur aux rares mais toujours magnifiques victoires et aux exceptionnelles places d'honneur au championnat du monde ou à Liège-Bastogne-Liège ? Ou encore l'homme à la tête bien faite, qu'on écoutera avec plaisir dans son rôle de consultant sur le Tour ?
Comme dernière image, on pourra garder celle d'un combatif sur le Dauphiné ou encore, cette image de son père, l'accompagnant sur le podium de la 7ème étape, le regardant avec la fierté d'un père voyant son fils laisser derrière lui une magnifique carrière.
Romain Bardet n'aura jamais gagné le Tour de France, de Dauphiné, de Grande Classique mais, il clôt fièrement ce chapitre de sa vie. Il restera à toujours un parfait représentant de ce cyclisme français dépassé par les plus gros, rarement victorieux, mais constamment combatif.
Alors pour Romain Bardet, on dit chapeau l'artiste, et bon vent.
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