Etourdissant

Dans une nouvelle étape courue à fond, où UAE semblait cadenasser et empêcher les échappées de partir, les baroudeurs ont finalement pu s'expliquer au sommet du Mont Chauve. Au terme d'un suspens fou et d'une bataille exceptionnelle, Valentin Paret-Peintre est venu éteindre les craintes d'une disette Française en s'imposant au sprint face à l'intenable Ben Healy. Tadej Pogacar reste en jaune et gratte encore du temps à un Vingegaard de plus en plus saignant. 



Lorsqu'on est coureur cycliste, commencer une troisième semaine du Tour de France par une arrivée au Mont Ventoux, ça doit sonner comme blague pas drôle. On doit même avoir du mal à y croire. Et pourtant, quand on nous trimballe de Carcassonne vers Montpellier en car et qu'on ne se dirige pas vers la Grande Motte, ça doit un peu puer. En effet, les craintes étaient réelles, on retrouvait bel et bien le géant de Provence pour la première fois depuis 4 ans et une première arrivée au sommet depuis 2013. Cela n'a pas pour autant coupé les jambes des coureurs qui nous ont offerts une étape des plus belles, des plus stressantes, avec un final des plus héroïques. 

UAE piégé

Et pourtant, tout n'était pas donné, les premiers kilomètres de ce chemin de croix annonçaient un baroud "Pogacaresque". Malgré une déclaration de son directeur sportif Matxin Fernandez qui annonçait que son équipe ne "contrôlerait pas sur le plat", les UAE ont cadenassé les premiers kilomètres. Nils Politt sautait sur tout ce qui bougeait, ne laissant partir qu'un trio composé d'Haller, d'Hirschi et de Meurisse voué à s'écraser dès les premiers pourcentages. Finalement, face au harcèlement de la totalité des équipes, un large groupe avait fini par sortir, avec notamment deux UAE, permettant à ces échappés de prendre le large. 

Paret-Peintre magistral 

Toute cette joyeuse troupe serpentant au milieu des vignobles semblait relativement désorganisée. Un premier groupe composé d'Enric Mas, de Thymen Arensman et de Julian Alaphilippe ouvrait la route et eut le privilège de buter en premier sur les pourcentages du géant de Provence. Enric Mas, profitant d'une surprenante méforme du Néerlandais vainqueur à Superbagnères, s'est isolé après le virage de St-Estève. Derrière, un autre groupe composé d'Healy, de Valentin Paret-Peintre et de Buitrago, pourtant retardé de près de 2 minutes entamait sa folle remontée. A coups de patates qui pourraient rendre jaloux des forains, ils revirent très rapidement Arensman et Alaphilippe et faisaient cap, toutes voile dehors sur Enric Mas qui commençait tranquillement à grincer à force de serrer les dents. Après s'être débarrassés de Buitrago, les deux hommes récupérèrent Mas qui n'avait cette fois plus rien à serrer à part les doigts. Dans ce magnifique combat de boxe, les hommes de têtes n'avaient alors droit à aucune hésitation puisque le souffle brûlant du maillot jaune et de son dauphin commençait à chauffer les nuques que le soleil avait épargné. Malgré la menace, ces moments de flottement arrivaient, rarement, mais suffisamment pour voir revenir Buitrago et même Van Wilder qui semblait lui, tombé du ciel. Le Belge, sans se poser de question s'est mis en tête et a assuré un tempo suffisant pour permettre à ce combat de connaitre une plus belle fin que le happement par le maillot jaune. Ben Healy a dégainé le premier mais de trop loin, la dernière rampe était de trop. En revanche, il y en a un qui s'en est délecté puisque Valentin Paret-Peintre, en secouant sa maigre carcasse, a réussi à sauter l'Irlandais dans les ultimes mètres pour venir chercher, à 24 ans, une deuxième victoire en Grand Tour. 

Pogacar gratte encore mais Vingegaard monte en puissance

Derrière ce qui se fait de plus beau et cette intense bataille, les ogres s'expliquaient aussi. L'équipe Visma totalement retrouvée, a imposé un train d'enfer aux autres leaders, afin de mettre sur orbite Jonas Vingegaard. Le Danois, visiblement retrouvé, a multiplié les attaques mais elles n'ont a aucun moment, décramponné un Tadej Pogacar impassible, qui ne s'est mis qu'à de rares reprises en danseuse, peut-être lorsqu'il avait besoin de s'étirer. Le Danois, après avoir compris qu'aujourd'hui encore, il ne ferait aucun mal à son adversaire, a freiné le tempo. Retombant à deux reprises sur des équipiers partis à l'avant, (Benoot et Campenaerts), il a pu soufflé mais a encore perdu du temps (2s), comme à Superbagnères, sur le sprint de Pogacar. Malgré ces quelques abris freinant leur allure, les deux hommes, ainsi que Primoz Roglic, ont battu le temps record de l'ascension qui était détenu jusqu'ici par Iban Mayo depuis le Dauphiné 2004. Demain, ce sera plat, mais Vingegaard tentera à nouveau, dans des Alpes qui s'annonceront bouillante. 

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