Pauline Ferrand-Prevot croque la Madeleine

Au terme d'une ascension exceptionnelle de la Madeleine, Pauline Ferrand Prévot a écrasé la concurrence. Après s'être isolée dans les pentes de la Madeleine, la championne Olympique de VTT a livré un incroyable One Women Show pour s'emparer très largement du maillot jaune. Avec une avance prodigieuse, seule une catastrophe pourrait la priver de son rêve de remporter la Grande Boucle. 

Après Paris-Roubaix, "PFP" est en passe d'aller chercher ce qui lui restait à gagner : le Tour de France

 
Tant qu'elle ne sera pas arrivée en jaune à Châtel, devant ses adversaires, il ne faut rien dire, rien promettre, rien espérer. Enfin, il faudrait essayer de ne pas s'emballer encore plus que ce qu'on est déjà. Pauline Ferrand-Prévot est un spécimen de la race, très rare, des pures championne. Elle a délaissé sa discipline de prédilection, le VTT, il y a désormais un an, après être allée chercher le titre Olympique qui lui manquait. Sa reconversion ? revenir vers la route, et gagner le Tour. L'objectif d'une vie pour certaines était pour elle celui de trois ans, le temps qu'elle s'était donnée pour ajouter un maillot jaune à son palmarès. A la fin du Tour, elle devait faire un constat, où en était-elle pour gagner le Tour dans les deux prochaines années ? Là, le constat pourrait être facile à dresser. 

FDJ-Suez avait d'abord les clés en mains

Avec un départ dans le col de Plainpalais (13,3km à 6.3%), les attaquantes étaient nombreuses : la vedette des deux derniers jours : Maeva Squiban, la porteuse du maillot à pois : Elise Chabbey et la neuvième du Général à une minute et demie : Evita Muzic. Un groupe de quatorze, capable d'aller très loin. Avec une très belle avance montant à quatre minutes, il y avait le feu car Muzic était virtuellement en jaune, avec un beau matelas. Face à ce risque, AG-Insurance, l'équipe du maillot jaune a pris les rênes du peloton, avec... la maillot jaune, puisque Kim Le Court a mené pour maintenir l'écart et préparer le terrain à Sarah Gigante. La Mauricienne, après avoir pris la tête, a chuté dans un virage, amenant l'équipe FDJ à rouler pour l'éliminer. Lorsqu'elle est revenue, l'entente s'est détériorée, laissant toutes ses chances à l'échappée qui, elle aussi, avançait par intermittence avec une mauvaise entente. 

La Madeleine a mis tout le monde à sa place et PFP au sommet

Dès les premiers pourcentages de la grande ascension du jour, les défaillances ont commencé à fleurir. La première, dans le groupe maillot jaune avec Van Der Breggen. Devant, Fisher-Black a accéléré et fait lâcher Evita Muzic. Parallèlement à ce mouvement pour le gain l'étape, Sarah Gigante a accéléré aussi, avant d'être rejointe au train par Férrand-Prévot. Les deux femmes sont retombées sur des équipières, Ghekiere pour Gigante puis Bunel pour PFP. L'allure n'a jamais faiblie entre les deux coureuses, elle s'est même significativement accélérée, lorsque la championne olympique de VTT s'est mise en tête. Avec son train d'enfer, la Française a broyé sa dernière adversaire du général pour s'isoler, retomber sur les deux dernières échappées qu'elle a, elles aussi, totalement écrasé. Auteure par la suite d'un numéro en solitaire, prenant ses bidons de la main de ses parents présents dans l'ascension, la championne du monde 2014 a levé les bras au sommet de la Madeleine avec 1'45" sur Gigante. Au général, elle est en jaune, avec deux minutes trente-sept sur l'Australienne. Désormais l'écart est fait, il ne reste qu'à bien dormir, ne pas se taper le genoux dans le guidon, et le Tour de France sera remportée par une athlète française, une première depuis 1989 chez les femmes et 1985 pour les hommes. Une éternité qui pourrait prendre un coup de jeune, enfin.